Vers la fin du capitalisme ?

Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière, amis d’enfance, se retrouvent pour partir à la recherche de réponses à leurs questions. Ces questions ? Celles que beaucoup se posent. Celles que les dérives du capitalisme finissent par nous imposer : à quoi sert tout cela ? L’homme n’a fait que s’éloigner toujours plus de la nature, la maîtrisant pour ses besoins personnels, l’ignorant voire la détruisant. Si on s’assoit cinq minutes face à l’immensité de la Nature, comment ne pas se demander « pourquoi » ?

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Affiche du film En Quête de Sens (http://enquetedesens-lefilm.com)

Nathanaël, géographe et réalisateur de documentaires, revoit Marc à New York, son ami d’enfance. Il découvre un Marc qu’il ne connaissait plus, sorti d’une école de commerce et ancré dans le système capitaliste. Avant de partir, il lui laisse une série de documentaires sur la marchandisation du monde. Lorsque Marc se retrouve cloué au lit, il les regarde à contre coeur.  Sa vision du monde s’en retrouve complètement changée. Il perd ses repères, ne comprend plus ce qu’il fait ici, et veut trouver des réponses à ses questions. Après avoir démissionné, il rejoint Nathanaël pour partir tourner En Quête de sens.

Le film est le résultat du voyage des deux amis, qui montrent que, de l’Inde au Guatemala, tout le monde se pose les mêmes questions et par des milliers d’initiatives individuelles comme collectives, chacun tente d’y apporter des débuts de réponses. De l’agriculteur à l’astrophysicien, ils rencontrent des hommes et des femmes, de toutes origines et tous horizons, qui leur expliquent leurs visions des choses. A travers ces nombreuses rencontres, ils font passer les messages de leurs interlocuteurs. Dr. Vandana Shiva, physicienne et épistémologue, diplômée en philosophie des sciences, l’une des grandes figures de l’altermondialisme, lutte (entre autres !) contre l’introduction d’OGM en Inde, accusée d’être la cause du suicide de 250.000 agriculteurs indiens. En Ardèche, les deux hommes partent à la rencontre de Pierre Rabhi, agriculteur biologiste et écrivain, défenseur d’une société plus respectueuse de l’Homme et de la Terre. Moins connus en France, nous découvrons au travers du film Jules Dervaes et sa famille, installés en Californie, qui cultivent, par agriculture biologique, trois tonnes de fruits et légumes chaque année, leur procurant une autonomie allant jusqu’à 90%. La liste des intervenants est encore longue et variée, citons Hervé Kempf, journaliste et écrivain, qui estime que le capitalisme a dépassé son moment d’apogée et que seule la sortie de la culture capitaliste permettra de résoudre la crise écologique. « On est dans ce moment de transition historique. On est en train de changer d’époque, de passer à un autre état », affirme-t-il.

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Marc de la Ménardière et Vandana Shiva

Pas de morale dans ce film, personne n’est accusé ou montré du doigt. Mais Marc et Nathanaël espèrent soulever les consciences, pour que chacun se demande comment faire bouger les choses. Petit à petit, de plus en plus d’initiatives naissent autour de nous. Pas besoin d’être à l’autre bout du monde pour agir, à Paris ou Berlin aussi se créent des actions dans ce sens. Les AMAP  (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), Disco Soupe, Prinzessinnen Garten, Alternatiba, ou encore le rejet européen et particulièrement allemand du TTIP : les initiatives sont de plus en plus nombreuses, comme montrant une envie collective de changement. Les deux réalisateurs parlent du « complexe de supériorité de l’Occident », qui aurait perdu de vue l’essentiel, aveuglé par la technologie. Leur film s’inscrit dans ces mouvements qui répondent à un ras-le-bol de plus en plus généralisé.

Un autre aspect non négligeable du film : la découverte de la spiritualité. C’est particulièrement en Amérique latine que Marc et Nathanaël découvrent ces traditions qui peuvent paraître bien éloignées de leurs vies en France ou aux Etats-Unis. Ils rencontrent un guérisseur de tradition Aztèque, José Luis Tenoch Perez, ou encore la fondatrice d’un centre de méditation ouvert aux voyageurs, Chaty Secaria. En France, leur chemin croise celui de la cantatrice Marianne Sébastien, pour qui « il n’y a pas de développement extérieur s’il n’y a pas de développement intérieur ». Elle est la fondatrice de Voix Libres, une ONG qui travaille en Bolivie avec les enfants des mines et les populations défavorisées. Rencontré lors d’une projection suivie d’un débat, Marc de la Ménardière explique qu’après avoir terminé En Quête de Sens, il a travaillé quelques temps pour cette ONG avant de rejoindre le Mouvement Colibris, initié par Pierre Rabhi.

« Tissé autour de rencontres authentiques, de doutes et de joies, leur voyage est une invitation à reconsidérer notre rapport à la nature, au bonheur et au sens de la vie. 87 minutes pour reprendre confiance dans notre capacité à porter le changement en nous-même, et dans la société », comme l’indique le site officiel. Impossible en sortant de la projection de ne pas comprendre que les choses bougent à l’échelle de l’individu : à la veille de la COP21, le film rappelle à ses spectateurs qu’il n’est pas nécessaire d’attendre les autres pour commencer à agir soi-même.


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